Stéphanie a 13 ans, un chat confident nommé Garfunkel - c'est là que j'ai pu découvrir ce qu'était un Blue Point -  du culot, des problèmes - parmi lesquels ses mauvaises notes à la Ferme et une mésentente avec ses parents. Elle trouve sa mère trop maquillée, elle  fait  trop attention à son apparence et passe beaucoup de temps avec ses copines. Son père, lui, n'est presque jamais à la maison et partage sa vie entre la route et ses voyages d'affaires.
Stéphanie se demande souvent pourquoi ses parents l'ont fait s'ils ne voulaient pas d'elle.
Elle a également un un goût  indiscutable pour les sandwiches aux cornichons et au chocolat, personnellement, j'adore le chocolat mais je n'ai jamais eut l'idée d'associés ces deux là !  Bon le pire c'est peut-être qu'elle fait suivre ça avec des oignons et une orange...
Comme souvent chez les enfants et les adolescents, les adultes sont mal compris et font partie d'une seconde espèce.
Il y a également son style et sa verve inimitable !

Le livre sans couverture traînait depuis un moment dans ma bibliothèque, je l'avais acheté dans une brocante sans savoir de quoi il en retournait. Pas de couverture, juste un titre curieux et un prénom.Et puis, je me glisse très vite dans le personnage. Le livre est écrit comme un journal intime.

Le récit est introduit par une note de l'éditeur qui dit avoir publié les cahiers d'une adolescente avec le consentement de ses parents qui ont certifié le déroulement exacte des évènements qui ont bouleversé la vie de leur enfant.

En lisant cela et bien que pour éviter la cohue, les noms aient été remplacé, je me suis dis que les parents ont eut un sacré courage de donner leur accord concernant la publication de cet ouvrage. Vu ce que l'ado dit sur ses parents... D'un autre côté, j'imaginais que les parents comprendraient le mal être de Stéphanie.

Plus tard en préparant cet article, j'ai lu que l'auteur n'était pas Stéphanie mais l'éditeur, Philippe Labro et je suis encore sidérée qu'un homme ait pu se glisser dans la peau d'une ado. Jamais j'aurai pensé que l'auteure soit un auteur ! Quelque part je vis cette révélation comme une trahison...

En 1983, Philippe Labro avait préféré s'effacer derrière ce texte que lui avait inspiré une personne très proche et présenter 'Des cornichons au chocolat' comme le journal d'une jeune écolière, Stéphanie. Mais aujourd'hui pour que les lecteurs comprennent mieux son cheminement romanesque et l'importance de ce texte qui forme avec 'Manuela' et 'Franz et Clara', une sorte de trilogie féminine sur l'adolescence et la naissance du sentiment amoureux, Philippe Labro a eu à coeur de se dévoiler en rééditant ce texte qui lui est si cher.

Mais ce n'est pas seulement l'histoire de Stéphanie. C'est aussi celle de Pablo et de son frère appelé l'Autre qui vit dans sa chambre, incapable de marcher et qui deviendra un de ses grands amis. Il y a Garfunkel, ce chat il m'a rappelé mon Ullyssou. Et d'autres personnages, comme madame Moreau...

Il y a un passage où je me suis vraiment retrouvée. Dans le sens où elle n'a pas de grands parents et moi, un peu pareil. Il me reste ma mamy en afrique qui ne parle pas le français dans un pays où il y a souvent des coups d'état et mes grands parents paternels qui survivent, à dix kilomètres, l'un  a alzheimer et l'autre est souvent à l'hôpital et risque de ne pas en sortir... On a pas vraiment de complicité, on discute toujours de choses très générales et très vagues. Enfin, j'ai les mêmes rêves que Stéphanie pour ce coup là.

Et ce qui m'a également plu ce sont les listes que Stéphanie dresse des choses à ne pas faire, des choses à faire, de tout ce qu'elle fait pour qu'on s'occupe d'elle (celle là, c'est une de mes préférées) et voilà que j'ai un peu attrappé le virus de la liste et je me rends compte que ce n'est pas si facile de dresser une liste car il faut penser à tout, la liste ne se fait pas en cinq minutes, des choses viennent s'y ajouter avec le temps.







.+.+.et maintenant, des extraits du roman.+.+.


" De toute façon, à la Ferme, ce matin-là, tout m'a dépouillée. On ne peux pas dire que ce soit jamais drôle à la Ferme mais franchement ce matin-là, on a beau l'appeler la Ferme entre nous parce qu'on trouve que c'est plus vrai que Lycée (je vais expliquer : à la Ferme il y a des animaux, il y a des chèvres et des oies, c'est nous, et on nous traite comme ça et tout le monde beugle et tout le monde fait meuh ! meuh ! tout le monde caquette cot cot cot codet, il y a des débiles et des simples d'esprit, on nous met en rang comme des vaches et on nous nourit. La seule différence c'est qu'on nous trait pas, mais à part ça c'est pareil, on est des veaux et les profs, à part un ou deux, ils sont comme des fermiers, ils nous regardent tous ensemble, mais jamais une par une. Jamais dans les yeux, toujours le troupeau)."


Extrait sur les grands-parents "Mon problème en fait, en dehors du fait que je ne suis pas bien dans ma peau, c'est que je n'ai pas de Mamie ni de Papi. Je le vois bien avec mes copines. C'est pas tellement que leurs parents s'occupent mieux d'elles que mes parents de moi, c'est qu'elles ont toutes au moins une Mamie. Parfois, elles en ont même deux. Et celles qui sont vraiment  des veinardes intégrales, elles ont deux Mamie et deux Papi, c'est à dire, quatre personnes qui n'ont pas d'autre occupation dans la vie que de les aimer."


Quelques exemples de " Une liste de tout ce qu'Elle fait pour qu'on s'occupe d'Elle :
- Elle laisse la fenêtre de sa chambre ouverte toute la nuit pour bien attraper la crève et pas aller en classe le lendemain.
- Elle lit le même livre à la même page pendant plus d'une heure pour se concentrer et avoir les yeux rouges et très fatigués.
- Elle hurle de douleur quand elle frôle une meuble alors qu'elle s'est pas fait mal du tout."


Présentation de son compagnon " Quand j'écris que Garfunkel est complètement fou et fêlé, je n'exagère pas. Il fait des choses extraordinaires ce chat, comme par exemple grimper sur les murs et monter au plafond à une vitesse supersonique et redescendre aussi vite et s'arrêter d'un seul coup au milieu de la pièce et me regarder d'un air de dire que je ne peux pas en faire autant. [...] Quand il ronronne dans mes bras, on dirait un gros poussin à qui on aurait mis un moteur dans le ventre, mais un moteur de voiture de luxe, c'est à dire, les moteurs qu'on n'entend presque pas. Je l'aime. Il me manque beaucoup quand je suis dehors. Garfunkel, c'est pratiquement la seule raison pour laquelle je rentre à la maison. Sinon, il y a longtemps que je ne rentrerais plus."


Quelques exemples de " Une liste de choses à faire jamais sous aucun prétexte"
- Jamais écouter les informations à la télé ou à la radio parce qu'ils disent toujours la même chose toute l'année, tous les jours. Si encore ils nous disaient qu'on a découvert une autre forme de vie humaine dans l'espace, ça, ça serait un évènement. ça serait cosmique et sidèral. Mais ils racontent que des trucs qu'ils ont déjà raconté la veille et qu'ils raconteront le lendemain.
- Jamais tuer des animaux. Aucun animaux.
- Jamais les mettre en cage.
- Jamais écraser les pigeons quand on conduit dans les rues de Paris, ce qui n'est pas mon cas puisque je n'ai pas encore l'âge de conduire, mais je dis ça plutôt comme un Principe Absolu De La Vie.
- Jamais penser à l'idée qu'un jour Garfunkel pourrait mourir
- Jamais désespérer"


Le passage de "Est-ce que t'as déjà essayé de téléphoner sans téléphone ?" m'a beaucoup plus, mais je ne me sens pas le courage de le recopier, là, il est long !!! Mais il est super. Un petit bout aller, juste le début du passage.

" J'ai trouvé que c'était une expérience formidable. Et que si on y arrivait, alors ce serait super super. On a compté un deux trois, exactement en même temps, il a raccroché et moi aussi. J'ai regardé le téléphone très fort et j'ai essayé d'entendre ce que disait l'Autre, mais j'ai rien entendu. Alors je me suis dis que peut-être il m'écoutait et je me suis mise à parler."




J'espère que je vous aurais donné envie de lire cette ouvrage qui m'a vraiment bluffé !


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