Un livre que j'ai longtemps voulu consulter et que j'ai la chance d'avoir pu trouver.


Un curieux titre. Un singulier auteur. Un étrange ouvrage. Le titre, d'abord : il entend condenser en un seul livre une bibliothèque entière, rassemblant ce qui touche aux superstitions, à la démonographie, et, par le biais, à cette discipline encore inconnue à l'époque : l'ethnographie populaire. C'est que le public est friand de toutes ces choses. Le crépuscule du siècle des Lumières est empli de sorcellerie, d'apparitions terrifiantes, de romans noirs qui donnent le frisson. Entre les productions des Anglais et le Diable amoureux de Cazotte, on fait volontiers de la peur un plaisir de salon. Le romantisme, et plus exactement encore : l'école dite frénétique, est en train de naître : le frisson va changer de nature, le jeu fait place à l'angoisse, le bavardage au pathétique, les démons au Démon.

Ce livre est une compilation de termes employés au sein du monde de l'occultisme, la magie, aussi bien que de la démonographie expliqués avec bon sens. Evidemment, certains sont maintenant désuets ou ont été éclaircies, mais il est toujours utile de connaître les croyances passées. Sûrement, la partie la plus intéressante se trouve en ces courts récits noirs empruntés pour l'un à Matthew G. Lewis avec "La none sanglante" (l'auteur, 1775-1818, a créé Le Moine, une œuvre gothique qui fut interdite comme étant licencieuse. La deuxième édition fut remaniée et certaines parties bannies) . . .,des contes obscures de la tradition populaire comme "Grange du diable" . . . ainsi qu'en ces instants de vies de personnages atypiques tels que: l'alchimiste mystique; la jeune sorcière avouant son plaisir du sabbat et de la messe catholique, une possédée (encore une pauvre maltraitée atteinte d'épilepsie . . .) exorcisée depuis la base ignorante jusqu'aux hauts dignitaires, l'étant tout autant . . .
Cet ouvrage peut être considéré de la manière d'un petit recueil riche en découvertes, ou lu de la sorte d'un roman. Celui-ci est également une source pour comprendre la signification de certains noms et pseudonymes utilisés dans le métal extrême. Le Dictionnaire Infernal est l'unique livre de Collin de PLANCY à avoir acquit la postérité.

Pour mieux appréhender ces textes, il est nécessaire de faire une remarque sur le contexte social et culturel de l'époque. Le "siècle des Lumières" touche à sa fin, apparaît alors une vague de décadence ; la luxure et le vice s'affichent au grand jour dans les sphères de la haute société. Le XIX ème siècle est alors avide de littérature noire, pseudo- ésotérique en tout genre voulant déranger les sens communs.

Jacques - Albin - Simon Collin de PLANCY, né en 1793 à Plancy non loin d'Arcis - sur - Aix; décède dans l'année 1887. Il comprit très vite l'ampleur du phénomène, se documente ardemment sur l'occulte et tout se qui s'y rattachent. Il publia dès 1818 (date approximative de la première édition de ce-dit livre . . . ) sous de nombreux pseudonymes, il s'avoua polygraphe, afin de satisfaire cette classe en déclin (et par cette opportunité lui même, son attrait pour l'argent était ambigu . . . ). Derniers mots sur l'auteur, peut-être non des moindres, et qu'il est important de rapporter pour bien cerner son état d'esprit quelques temps après. A la fin des années 1830, Collin de PLANCY a sombré, s'est enchaîné, perverti dans une foi catholique, allant à l'extrémisme ! Il défigure ses travaux accomplies par le passé, modifie le Dictionnaire Infernal à de multiples reprises afin d'être en conformité avec les canons de l'Eglise (la sixième édition en résultant était totalement insipide) . . . il décide de collaborer avec un abbé pour l'élaboration d'un pseudo- "Dictionnaire des sciences occultes" ou "Encyclopédie théologique"... Pour finir, dans l'année 1848, il détruit un de ses grand succès littéraire à l'époque: Le Diable peint par lui-même... Le reste n'est qu'Histoire.





**Propos prit sur le site : lahordenoire.free.fr





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