Manitou
Chaque nuit, Karen faisait d’épouvantables cauchemars. Chaque matin, la tumeur qui déformait son cou était un peu plus grosse. Une tumeur inopérable qui laissait les médecins perplexes et qui bougeait imperceptiblement, comme s’il y avait quelque chose de vivant sous la peau…quelque créature diabolique qui ne rêvait que d’effroyables massacres.
Ma lecture :
Une jeune femme nommée Karen vient consulter le médium Harry Erskine au sujet de rêves cycliques, un peu plus réels et précis chaque jour et elle pense que ses cauchemars ont un lien direct avec la tumeur qu’elle porte à la nuque. A la clinique des Sœurs de Jérusalem, le médecin spécialiste de la tumeur, qui la prise en charge est décontenancé par la forme de celle-ci : un mélange d’os et de cartilage…
A la suite d’une opération visant à ôter cette excroissance, Karen tombe dans un coma tandis que grossit de jour en jour la tumeur…qui bouge, s’anime, se convulse…
« La tumeur était si grosse qu’il était difficile de croire qu’elle faisait vraiment partie de la jeune fille qui gisait sous elle »
Grâce à la description du rêve de la jeune femme, Harry Erskine découvre un lien avec le XVIIes. Il fait part de sa découverte à une amie, Amélia Crusoé, médium plus expérimentée que lui et accepte de lui venir en aide pour percer le mystère de Karen. Lors d’une séance de spiritisme dans la maison où habite Karen, la tête d’un indien peau rouge prend forme dans une table en bois… A partir de là, Harry va consulter un professionnel en matière d’indien et découvre que c’est un guérisseur indien qui prend forme dans le corps de Karen et que pour la sauver et renvoyer le sorcier, il faudra l’aide d’un indien des temps modernes...
Je ne dévoile plus rien de l’histoire…
Personnellement, elle ne m’a pas effrayé…car l’histoire écrite n’a pas de contexte dans ma réalité. On n’est pas à New York et je n’ai pas d’excroissance… Ce que je veux dire par là, c’est que parfois en lisant des histoires terreur, on a du mal à s’endormir le soir… Ici, pas la moindre difficulté…
Ce que j’ai remarqué d’amusant, c’est l’expression « se carrer » autrement dit, s’asseoir et se blottir dans le siège, au moins six fois dans le texte. Je ne sais pas si à cette époque où il a écrit son livre, il ne connaissait que cette expression pour cette action ou si c’est une répétition fantaisiste du traducteur !
J’ai appris que manitou signifiait esprit et que toute chose crée de la main de l’homme ou de la nature avait un manitou. Et je me faisais une comparaison entre le titre anglais The Manitou et le titre français Manitou. Je trouve qu’avec le The, ça renforce l’esprit… Bref….
Et je me suis surprise également à zapper certains passages qui me semblaient trop longs ou ennuyeux. C’est un droit et cela me faisait penser à ma cousine qui parfois me disait qu’elle zappait des passages que j’écrivais… Eh bien, je crois que tout le monde à droit de zapper et puis voilà !!! Bref… :-D !!!!
Passages préférés :
« - Vous pouvez utiliser la table de la salle à manger, dit Mme Karmann. Du moment que vous ne la marquez pas. C’est de l’authentique merisier, très ancien.
Elle nous conduisit jusqu’à la salle à manger. La table était en bois foncé et poli ; son éclat était tel qu’on aurait pu se noyer dedans. »
« La respiration se fit plus profonde, plus forte et plus proche, à croire que quelqu’un respirait vraiment tout contre mon oreille. »
« Je peux me tromper, mais j’eus la nette impression que les lèvres de bois foncé esquissaient un sourire tranquille et satisfait. Le visage demeura ainsi un instant, puis le bois parut se liquéfier et se tordre, les traits fondirent et se dissipèrent… Et bientôt il n’y eut plus rien sinon le plateau de la table poli et lisse. »
« A cette heure de la nuit, vous avez l’impression que le monde entier est désert et que vous êtes tout seul dans une dimension temporelle étrange et secrète – votre pouls diminue et disparaît, votre respiration lente et sourde vous entraîne alors vers le gouffre sans fond des rêves et des cauchemars monstrueux. »
« J’éprouvais soudain une sensation étrange et métallique, comme si j’avais respiré de l’éther. Toute la scène me semblait singulièrement irréelle. Je me sentais détaché et étranger à tout ce qui se passait, comme si je regardais à travers mes yeux depuis l’obscurité de quelque autre endroit »
- J’aime ce passage, car parfois il me rappelle moi où je me sens étrangère à moi-même, je ne suis plus moi mais une autre, j’agis différemment et tout me semble égal…
« Son visage formait un masque de haine impassible »
« Ses yeux jaunâtres s’ouvrirent tout à coup et nous fixèrent avec une méchanceté flamboyante. »
« Sa magie auto protectrice avait réussi à détourner la plupart des scalpels et des sondes que Misquamacus avait fait voler dans sa direction. La plus part étaient fichés dans le mur, enfoncés jusqu’au manche ! »
« - Il est plongé dans un coma profond, je le crains. Quoi qu’il lui soit arrivé, son esprit s’est réfugié en un endroit inaccessible, pour ainsi dire, il n’est pas prêt de refaire surface. »
- Ce passage m’a rappelé une de mes histoires non achevées, où l’héroïne perd son âme à jamais, effacée…
L’ombre du Manitou et la vengeance du Manitou suivent, mais je les lirai plus tard ou peut-être tout de suite… Je ne sais pas encore…
EDIT : Bragelonne a flairé l'écrivain de génie et a entrepris de sortir Masterton de l'ombre. Du sang pour Manitou raconte un New York est ravagé par une étrange et terrible épidémie, face à laquelle la médecine semble impuissante. Les victimes succombent toutes à un dérèglement sanguin. Elles n'arrivent plus à ingérer d'aliments solides, deviennent hypersensibles à la lumière du jour, et sont prises d'une irrésistible envie de boire du sang humain. Tandis que la panique gagne la ville, Harry Erskine, le célèbre médium, décide d'entrer dans un royaume ténébreux situé à mi-chemin entre le monde des morts et celui des vivants et d'avoir recours, pour sauver les habitants, aux grands esprits des Amérindiens. Malheureusement pour lui, tous les esprits n'ont pas pardonné à l'homme blanc !