Enfin lu !

 

Les-contes-d-Amy.jpg

 

Quels secrets se cachent derrière les murs de ce vieil asile abandonné ? Pourquoi ne trouve-t-il pas d'acquéreur après tant d'années ? Quelles horreurs renferment les cellules désertées ? Ce recueil contient douze contes terrifiants magnifiquement illustrés par Kévin Biseau dans lesquels spectres et démons se livrent à une macabre sarabande. Ne soyez pas timide et entrez dans la danse ! Laissez Amy vous conter une petite histoire...

 

Je ne suis pas une adepte des recueils de nouvelles. J'en ai cependant quelques-uns sur l'étagère : Absinthe et démons d'Ambre Dubois, attend ma lecture, Le club des petites filles mortes de Gudule que je lis progressivement et Serpentine de Mélanie Fazzi en dépôt sur Priceminister.

 

Ce qui m'a surtout poussé vers cet ouvrage est une conversation entre Titia, la capitaine Chica et Cindy de la Porte des mondes. Je les rencontrais pour la première fois et elles se parlèrent d'un auteur, Frédéric Lyvins, qui venait de recevoir le prix Masterton pour son recueil de nouvelles fantastiques. Moi, grande fan de Masterton, me suis empressée de me tenir au courant. Quelques jours plus tard, j'ajoutais l'auteur à mes contacts Facebook afin de le féliciter et je découvrais par la même occasion qu'il était aussi fan de Graham Masterton et Serge Brussolo. "J-u-b-i-l-a-t-i-o-n" comme dirait Latouche dans le film Ducobu.

 

J'attendais précisément le moment opportun pour me procurer le recueil. Ainsi lorsque j'appris que Frédéric Lyvins serait présent aux Halliénnales, j'ai su immédiatement que Les Contes d'Amy irait rejoindre ma PAL sous peu. Et ce fut une très belle rencontre !

 

Très souvent, les recueils prennent la forme classique d'un enchaînement de récits ayant un fil conducteur. Ici, c'est différent ! En effet, les nouvelles sont secondaires et se tiennent encastrées dans un cadre fictionnel. Une autre histoire. 

 

Charles et sa femme Coralie vont visiter un bâtiment d'aspect lugubre afin d'établir un complex hôtelier. Le promoteur leur apprend alors que si le bâtiment est resté sans acquéreur de si nombreuses années, c'est à cause de sa particularité. Car, oui, dans les années 1940, c'était un établissement psychiatrique au passé lourd... Pendant la visite, Coralie fait la découverte d'un carnet remplit de récits écrit par une ancienne patiente, la jeune Amy qui recelait un don particulier et nous voilà embarqué dans le recueil.

 

Je ne sais pas vous, mais...la couverture me fiche la trouille ! "r-é-p-u-l-s-i-o-n" Cette petite vieille fille assise au visage âgée donne le frisson. Chapeau à l'illustratrice qui a su donné du relief à la petite Amy. Le sang sur le t-shirt et la poupée sans tête nous mettent en garde. Pourtant, le lecteur se jette sur son contenu...à ses risques et périls !

 

Le seul gros regret que je puisse faire est que ce ne soit pas plus long, plus étoffé. Mais c'est sans doute parce que j'ai trouvé ça très bien et que ça ne dépasse pas les 200 pages. L'écriture est fluide et imagée. Le suspens bien dosé. Bref, Frédéric Lyvins maîtrise la recette du thriller fantastique !

 

Je ne vais pas du tout raconter la trame de chaque récit, vous le découvrirez par vous-même, je l'espère. Mais plutot, faire une ressenti au fil de ma lecture.


Toutes les histoires sont effrayantes, à un moment on se dit..."Mais où l'auteur...où Amy va nous emmener ? Quelle va être la chute ?" Finalement, on entrevoit progressivement une fin possible, innatendue, déroutante. Je les ai particulièrement toutes appréciées et également les dessins qui les accompagnent, qui comme dans le jeu Question pour un Champion (remarquez mes comparaisons extraordinaires!) nous donne une piste sur le récit. Les titres également sont bien choisis. J'aime à le signaler car lorsqu'on écrit, on peut parfois, faire face à la difficulté de titrer. Comment nommer sans trop en dire tout en conservant l'intérêt du lecteur ?

 

Pour en revenir à Amy dont on ne sait finalement pas grand chose, on peut cependant observer que les histoires et les mots employés ne sont pas ceux d'une petite fille... Mais qui est Amy en vérité ?

 

Dans Amour éternel, je me suis posée la question de savoir si la créature qui apparaissait n'était pas un sucube. Probablement...

La présnce des longs cheveux noirs dans la chute m'ont fait penser à la nouvelle de Marguerite Yourcenar, "l'homme qui a aimé les néréides".

C'est l'histoire de Panégyotis, qui en cherchant un vétérinaire pour ses moutons, rencontre les Néréides. Ces fées sont belles, nues, rafraichissantes, mais néfastes. Quiconque les voit perd la parole et la faculté de penser. Panégyotis, séduit par les néréides, s'accouple avec elles et perd définitivement la raison, la vue, et la parole. Pourquoi cette nouvelle me fait écho avec ma présente lecture ? Tout simplement parce que le narrateur de Yourcenar met en doute la rencontre de Panégyotis avec les fées. Et pourquoi pas, puisque ce sont des créatures imaginaire. Mais, la  dernière phrase dément le tout, celle où il est dit que sur le vêtement du berger est accroché un fin cheveux blong, un cheveux de fées. Et alors dans la nouvelle présente, il est également question de cheveux comme preuve de l'existence de l'incroyable créature ! 

 

Clairement, je n'ai pas non plus besoin d'une réponse claire parce que Les contes d'Amy sont ainsi faits. Ils nous mettent devant le fait accompli sans explication possible. Et rien n'iterdit le lecteur à se faire lui-même sa propre idée ! Pareillement dans mes récits, j'aime laisser une part de mystère, ça ne fait pas de mal à l'imaginaire. 

 

Tout au long de ma lecture de Le village maudit, j'avais Un roi sans divertissement de Giono en tête. A cause du village un peu perdu dans la neige. Dans le livre de Giono, un meurtrier sévi et un jour, on tue un loup, on le rend coupable mais les meurtres continuent, d'une année sur l'autre, toujours pendant l'hiver. C'est mon roman préféré de Giono.

Ici, le suspense est vraiment bien dosé et on ne s'attend pas aux rebondissements. Bravo !

Seul bémol, parfois j'étais perdue dans les discussions. Qui parlait ? Certains villageois ont le droit à une bonne description et de ce fait, il est impossible de s'en mêler les pinceaux. Le grand Pierre, Bertrand qui est accepte plus facilement...l'inexplicable, le vieux Benoit...

Il y a également un passage que j'ai dû plusieurs fois relire. Au même titre que le journaliste de faits divers qui écrit "Un adolescent est mort électrocuté. [...] Ses jours ne sont pas en danger." Il est question d'un veau à deux têtes que les villageois décapitent. On apprend ainsi que la dépouille de la vache ainsi que celle du veau sont brulées puis enterrées. En fait, pour moi si les carcasses ont été mises au feu, elles n'avaient pas besoin d'être mise en terre. Mais passons, car c'est moi qui débloque certainement. Je pense que la dénomination "les restes" auraient été plus judicieux pour que mon cerveau ne médite pas autant sur ce passage.

 

Au revoir est sans doute le conte le plus doux du recueil, néanmoins effrayant. Une petite ellipse temporelle m'a gênée. Au moment où la fillette se lève pour prendre son petit déjeuner et que tout de suite après, elle parte prendre son bus scolaire. Car dans mon esprit, je l'imaginais en pijama et chaussons.

Bref, encore une fois, chapeau à l'auteur, moi je n'ai pas vu venir la chute avant la fin et j'adore quand je ne m'y attends pas !

 

Dans Réminiscences, le mot qui n'est pas passé innaperçu à mes yeux est l'emploi du verbe "deviser". Chaque auteur à son mot fétiche alors, est-ce que c'est celui de Frédéric Lyvins ou bien est-ce que c'est un terme courant en Belgique ?

Pour ma part, j'ai rencontré la toute première fois ce verbe à l'université dans l'étude du Décaméron de Boccace :

Afin de fuir l'épidémie de peste noire qui ravage la ville de Florence en 1348, dix jeunes gens se réunissent. Alors qu'elle s'échappe de Florence, la brigade se réfugie dans une campagne où tout semble être idyllique tel un Éden terrestre. Pour se divertir, les personnages instaurent une règle selon laquelle chacun devra raconter quotidiennement une histoire rejoignant un thème choisi par celui qui aura été nommé roi (ou reine) du jour. Le premier et le neuvième jour, pour donner plus de variété, ont un thème libre. Ainsi, dix jeunes gens, narrant chacun une nouvelle pendant dix jours, produisent un total de cent nouvelles.

Car en effet, ses dix personnages devisent, c'est le terme. Ils parlent, conversent, se racontent des histoires.

Note : le verbe est revenu dans une autre nouvelle. Ouiii, Frédéric aime ce mot !

 

Dans La véritable nature de l'homme, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Buffy contre les vampires, à cause du nom de la discothèque : le Bronze. Est-ce une coïncidence...ou un petit clin d'oeil ?

 

Je me complais encore dans mes associations, c'est vraiment étonnant et pour une fois, pour cet ouvrage, ça ne me gêne pas. Ce n'est pas comme lorsque vous lisez un livre et que l'auteur choisi pour nom de son méchant Voldemort...le nom vraiment dérangeant. Ou comme j'ai vu dernièrement, le nom Edouard C pour un vampire transi d'amour... Bref...

Dans La forêt, conte que j'ai adoré, ce petit passage m'a évoqué... : "Un bruit de passage attira mon attention. Je vis alors une calèche arriver au bout de la rue principlae. Les pas du cheval résonnaient dans le silence ambiant. Le conducteur de l'attelage m'adressa un signe de la main auquel je répondis après un moment d'hésitation." Je disais donc, ce passage m'a évoqué la vision de Jonathan Harker (Bracula de Bram Stoker) arrivé en Transylvanie qui attend le convoi qui l'emmènera au château du seigneur Dracula.

 

Pour finir, le lecteur retrouve le cadre dans lequel est inséré les contes puisqu'il faut bien conclure...

 

EDIT : Frédéric Lyvins m'a annoncé qu'il y aurait un T.2. Génial ! J'ai hâte. En attendant, je me procurerai bien son nouvel ouvrage : Le souffle des ténèbres. Le résumé me plaît beaucoup. J'aime les secrets, les villages maudits, les personnages qui se débattent pour s'en sortir...

 

Retour à l'accueil